Tchad : Moustapha Masri, président national du parti Paix et Cohésion Sociale
« Retenez que nous lançons et invitons tous les Tchadiens et Tchadiennes en âge de voter et ayant effectué leur enrôlement d’aller voter ce jour du Referendum, le 17 décembre 2023 et de faire le choix de l’avenir »
Sans filtre, le président du parti Paix et Cohésion sociale, Moustapha Masri s’est prononcé sur la main tendue du Président de Transition, Mahamat Idriss Déby Itno aux exilés politiques ayant permis le retour du leader du parti Les Transformateurs ainsi que la position de sa formation politique pour le référendum constitutionnel prévu pour le 17 décembre 2023. Découvrez l’exclusivité de l’entretien.
Tchad Actu : M. Le président du parti Paix et Cohésion sociale, pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?
M. Moustapha Masri : Bonjour à tous vos lecteurs et partant à tous les Tchadiens. Nous sommes honorés pour la considération et l’opportunité que vous nous offrez pour nous exprimer à travers vos colonnes. Comme vous le savez, nous n’aimons pas beaucoup parler de nous et si nous devons entrer dans les détails cela nous prendra pratiquement une journée, tout de même, nous sommes ce jeune Tchadien se définissant appartenir à une seule entité qui est le peuple Tchadien, fils de Toumaï. Nous sommes ce Tchadien métisse de père biologique du nord et de père adoptif du sud. Nus sommes cet enfant du Tchad qui a connu toutes les douleurs de notre pays dans sa chaire et non par procuration, notre grand-père est parmi les premiers députés en 1958 mais aussi parmi ceux qui se sont opposés à la modification de la Constitution en 1963 et qui a connu la prison et toutes les difficultés pour cela, avec tant d’autres Tchadiens. Notre père biologique qui est du nord faisait partie de la liste noire de Tombalbaye, pour ceux qui connaissent l’histoire mouvementée de notre pays. Notre père a été arrêté avec tant d’autres Tchadiens, assassinés et jetés dans une fosse commune à Mandelia. Cette liste noire a été dévoilée après le coup d’état de 75. Notre père adoptif qui est du sud a été arrêté dans les années 85-87 et mort en prison, Notre grand-mère est une des premières femmes du nord à s’engager en politique et figurent parmi les porteuses de l’authenticité depuis les années 60. Vous savez sans la paix, il n’y a pas point d’existence mais sans l’unité il n’y aura point de paix non plus et seuls ceux qui ont vécu les douleurs dans leur chair et âme sont les plus aptes à construire la paix et à pardonner pour qu’il n’y ait point de répétition. Revenant à nous, nous sommes un technicien de formation, ingénieur concepteur en viabilisation des villes et des cités ayant sa propre entreprise et ayant représenté plusieurs grandes sociétés internationales au Tchad et à l’étranger mais nous avons arrêté tout cela pour nous engager en politique, non pas pour nous mais par devoir envers notre pays, notre patrie. Pour la petite histoire, nous étions sur le point de quitter le Tchad, nous avons vendu quelques maisons et véhicules pour aller nous installer à l’étranger quand l’idée de la création du mouvement Les Transformateurs a émergé et nous avons tout arrêté pour nous engager dans la politique par devoir malgré les douleurs que la politique a infligé à notre famille, notre milieu et notre entourage. Voilà globalement une synthèse de qui est Moustapha Masri, ce Tchadien métisse de culture nordiste et sudiste, maîtrisant parfaitement la religion chrétienne et musulmane et ayant fait le choix de la religion musulmane et nous ne sommes pas seul. Nous sommes des millions de ces Tchadiens métisses, métisses culturellement, par amitié, par alliance, ces Tchadiens se définissent appartenant à une seule entité Toumaï dans notre multiculturalité.
En tant que leader du parti Paix et Cohésion sociale, quelle lecture faites-vous par rapport à l'appel à la main tendue lancé par le Gouvernement de transition conformément ?
Nous faisons une lecture positive. Vous savez, nous sommes porteurs de la paix et de l’unité mais surtout porteur dans toute son essence de l’élément Humain qui implique non seulement la notion de vie mais aussi de respect, d’épanouissement et de protection. Vous savez, la démocratie, les libertés fondamentales, individuelles et collectives impliquent aussi le libre choix et le respect des lois et des décisions des institutions en lesquelles nous appartenons en tant que peuple d’une nation, nous n’avons été et ne serons jamais dans le jugement de l’autrui à cause de ses choix et décisions ni dans le dénigrement malsain et facile et encore moins dans l’hypocrisie ; il y a un temps pour tout y compris pour la paix et l’unité de tous les fils et les filles de cette nation, en particulier pendant cette période de transition, une période charnière à la croisée des chemins où le Devoir prime sur les Droits ; dans ce sens nous souhaitons la bienvenue à tous dans la terre de Toumaï car la réconciliation et le pardon sont les éléments nécessaires pour permettre la construction d’un Tchad nouveau de paix et d’unité dans notre unicité, un credo que nous portons en tant que parti Paix et Cohésion Sociale (PCS) mais aussi un credo porté par des millions de Tchadiens patriotes aimant fondamentalement notre pays. Évidemment, tout cela ne peut se construire que sur la base de la vérité, de la sincérité et la bonne foi. Le mensonge, la manipulation et l’égo ont fait tant souffrir notre pays et son peuple, qu’il est temps d’emprunter la voie de la vérité, de la sincérité et de la bonne foi, certes cette voie est difficile, pavoisée d’épines et nécessite du courage, mais c’est la seule et unique voie plausible et juste. Pour le reste nous faisons confiance à la Transition, au Président de la Transition, Chef de l’État, au Gouvernement d’Union nationale et tous les acteurs impliqués, pour que la réconciliation soit juste et équitable en leur demandant d’être les seuls acteurs porteurs du pardon, de l’amnistie mais aussi de la réparation sans l’implication d’aucun acteur politique, car il s’agit du peuple et des Tchadiens avant tout et aucun acteur ne peut se targuer de parler et agir au nom du peuple en ces périodes de Transition et de rassemblement, l’État est le seul garant et intermédiaire de son peuple. Vous savez, les morts et les familles endeuillées ne sont pas seulement d’un camp et les souffrances, les douleurs et les destructions tant physiques et psychologiques ne sont pas uniquement d’un seul camp.
Quel appel fera aussi le parti PCS à l’endroit des autres acteurs de la société civile comme Wakit Tamma et des politico-militaires qui sont encore en exil ?
Si nous avons un appel à lancer, c’est celui de la raison, un appel du devoir en cette période de Transition donc participative, un appel de la paix et de la réconciliation conformément à la main tendue du Président de la Transition pour qu’ensemble nous puissions redéfinir un Tchad nouveau au présent, répondant aux aspirations du commun et des générations futures.
Quelle est la vision de PCS relative au référendum du 17 décembre ?
Nous étions les premiers à définir clairement notre vision avant même notre agrément à la transition. Notre vision est celle de l’unité dans notre unicité en tant que filles et fils de Toumaï, cet élément est un point principal et primordial de notre projet politique et lors de l’obtention de notre agrément à notre point de presse tenu le 8 juillet 2023 pour présenter notre parti à la presse, à la nation et au monde entier, nous avions donné le tempo au premier mot envers nos militants et le peuple pour le choix du « Oui » lors du Referendum à venir, c’est-à-dire le choix de l’État Unitaire Fortement Décentralisé ; nous avions réitéré cet appel encore une fois lors de l’ouverture de notre siège le 13 septembre 2023 et avions demandé à nos militants et au peuple d’aller s’enrôler massivement pour que ce jour important dans la vie de notre nation qui aura lieu le 17 décembre prochain, tous les Tchadiens patriotes aimant fondamentalement ce pays puissions faire notre devoir envers cette génération et surtout les générations à venir en choisissant le Oui lors du Referendum et un « Oui » massif au présent pour le futur.
Ce message du « Oui » nous l’avons aussi transmis à tous nos Comités qui sont en expansions, actuellement plus de 80 à N’Djamena repartis dans tous les arrondissements et plus de 60 Comités repartis dans tous nos provinces ; nous avons initié des rencontres d’échanges et de vulgarisation, des actions de sensibilisation et de mobilisation dans ce sens avec nos militants et sympathisants avant et après l’adoption par le CNT du projet de Constitution en juin dernier ; à l’approche des échéances nous ne faisons que passer à la vitesse supérieure par la sensibilisation, la mobilisation et la vulgarisation d’une manière pédagogique et didactique sur la nécessité du choix du « OUI » et la notion du Devoir surtout citoyenne et d’ailleurs notre slogan de toujours est et sera comme beaucoup le savent : Une Nation, Un Pays, Un Peuple : TOUMAÏ en majuscule pour ressortir la nuance du factuel et dans ce sens chacun de nos militants et militantes est porteur individuellement de la Paix et de l’Unité dans notre Unicité donc porteur du « OUI » en lui et autour de lui dans nos quartier, nos villes, nos villages et ferricks, nomades comme sédentaires.
Seulement, retenez que nous lançons et invitons tous les Tchadiens et Tchadiennes en âge de voter et ayant effectué leur enrôlement d’aller voter ce jour du Referendum, le 17 décembre 2023 et de faire le choix de l’avenir, de la morale et du devoir, le choix du OUI pour le choix de l’État Unitaire Fortement Décentralisé qui d’ailleurs équivaut pratiquement à une moindre mesure à du fédéralisme. Donc à la question retenue par le décret 3346 qui stipule que « Approuvez-vous le projet de Constitution qui vous est soumis consacrant la forme unitaire de l’État ? » répondons massivement OUI en choisissant le bulletin de vote Blanc qui y est destiné. Merci.