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Tchad: Un éminent dirigeant de l’opposition tué, human rights watch exige une enquête

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(Nairobi) – Le meurtre d’un candidat potentiel à l’élection présidentielle au Tchad, lors d’un raid effectué par les forces de sécurité contre le siège d’un parti d'opposition, soulève de graves questions sur le climat politique dans le pays à l’approche de l’élection prévue le 6 mai, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Le 28 février, des membres des forces de sécurité ont tué Yaya Dillo, le président du Parti socialiste sans frontières (PSF), lors d’une attaque contre le siège du parti dans la capitale, N’Djamena. Le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, a déclaré lors d’une conférence de presse que Dillo a été tué lors d’un échange de tirs avec les forces de sécurité.Depuis la mort du président Idriss Déby en avril 2021, le gouvernement de transition dirigé par son fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a à plusieurs reprises violemment réprimé des manifestations organisées par l’opposition pour réclamer un régime démocratique civil ainsi que des médias indépendants.
Le 20 octobre 2022, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants lors de manifestations organisées par des groupes de la société civile et des partis d’opposition, tuant et blessant nombre d’entre eux, et ont battu des personnes et les ont poursuivies jusque dans leurs maisons. Des centaines d’hommes et de garçons ont été arrêtés et beaucoup d’entre eux ont été conduits à Koro Toro, une prison de haute sécurité située à 600 kilomètres de N’Djamena. Plusieurs personnes sont mortes pendant le trajet, certaines à cause du manque d’eau. À Koro Toro, les manifestants ont subi des abus supplémentaires, notamment des mauvais traitements de la part d’autres détenus, et certains sont décédés. Ces détenus ont été maintenus en détention pendant des mois, puis relâchés ou amnistiés. Les autorités tchadiennes ont refusé d’effectuer des enquêtes pénales rapides, effectives et impartiales sur ces violations. 
Le 23 novembre 2023, le Conseil national de transition a adopté une loi d’amnistie qui otait la possibilité de poursuivre en justice les membres des forces de sécurité ou d’autres responsables des graves violations des droits humains, y compris des meurtres perpétrés contre des participants aux manifestations du 20 octobre, consacrant ainsi l’impunité et récompensant les auteurs d’abus.  
Le meurtre de Dillo survient une semaine après la destitution par le gouvernement du président de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH), la seule institution gouvernementale qui était prête à publier un compte-rendu exact de la répression du 20 octobre. Succès Masra, l’actuel Premier ministre et président du parti politique Les Transformateurs – dont les membres constituent la majeure partie des détenus politiques et des victimes après les manifestations du 20 octobre – a exprimé son « soutien total et inconditionnel au chef de l’État », dans un tweet, le 28 février. 
Dans un communiqué publié le 29 février, le président de l’Union africaine a exprimé sa préoccupation au sujet des événements au Tchad, mais n’a pas appelé à l’ouverture d’une enquête.  
« L’Union africaine devrait prendre l’initiative et appeler à l’ouverture d’une enquête indépendante sur la mort de Yaya Dillo, et offrir son assistance », a affirmé Lewis Mudge. « Un compte-rendu transparent des circonstances autour de la mort de Yaya Dillo est nécessaire pour rassurer les Tchadiens de toutes tendances politiques quant à la détermination du gouvernement de transition à assurer que l’élection prévue en mai sera libre et équitable ».